SHADOW BEHIND THE MOON

Philippines, 1993. Dans la vallée de Marag, des «réfugiés internes», pris entre les tirs rebelles et ceux de l’armée, tentent de survivre à la guerre intestine visant à purger la république des factions communistes. Emma et Nardo, confinés au cœur de ce no man’s land, se lient d’amitié, malgré les rumeurs et les doutes, avec Joel, un soldat dont la tâche consiste à veiller à la sécurité du camp. Au milieu des discussions anodines entre copains, en cette soirée d’éclipse, des questionnements sur la confiance et la camaraderie taraudent les protagonistes. En temps de conflit armé, où se situent les allégeances? Au centre de ce probable triangle amoureux, qui peut être convaincu de l’intégrité de l’autre? Véritable chassé-croisé dans un huis clos tramé de façon serrée, ce long plan-séquence de près de deux heures met en scène trois comédiens qu’une caméra suit à la trace à l’intérieur et aux proches alentours d’une bicoque. Dans une totale liberté d’action, les trois personnages évoluent dans un feu roulant de répliques et de stratégies pour révéler le réel visage de chacun tout autant que les sentiments qu’ils se portent. Alors que, dehors, les rafales de mitraillettes ponctuent les échanges, qui de Nardo, Emma ou Joel, sortira indemne de cet enfer? − Patricia Robin