HEART OF A DOG

Laurie Anderson est l’une des plus fameuses artistes contemporaines américaines. Musique, sculpture, dessin, performance: depuis les années 1960, son œuvre multidisciplinaire est vaste et célébrée. Elle s’attaque désormais au septième art à travers un premier long métrage qui convoque plusieurs de ses obsessions. 
Heart Of A Dog est né d’une succession de deuils ayant tous eu lieu en 2011: la mère d’Anderson, son mari Lou Reed et enfin, son chien bien-aimé, Lolabelle, sont décédés tour à tour. Poursuivant une démarche de catharsis, Anderson mêle à l’écran animation, films familiaux en Super 8, collages et beaucoup de musique –du quatuor à cordes à l’électronique ambient. Ses propres souvenirs se retrouvent conjugués à sa profonde 
fascination pour les enseignements bouddhistes, notamment le concept de bardo, mystérieuse période de quarante-neuf jours comprise entre la mort et la réincarnation qui illustre la perméabilité de l’identité et les mystères de la transmission. L’artiste assure elle-même la narration de ce projet intime, ovni visuel qui connecte librement pensées et images disparates à la manière du «courant de conscience», technique littéraire mythique exposant le processus cognitif et la création de la pensée. Un essai cinématographique hors-normes, doublé d’une méditation évocatrice sur l’identité. – Zoé Protat