Une vision contrastée du nouveau cinéma mondial
MAROC, France | 103 minutes | 2015
Rares sont les films qui nous arrivent du Maroc. Et encore plus rares sont les films marocains qui nous arrivent précédés d’une telle réputation de soufre… Much Loved n’a rien d’une carte postale exotique. En suivant le destin de quatre prostituées dans le Marrakech d’aujourd’hui, Nabil Ayouch a fait le pari d’un cinéma réaliste et cru. À un phénomène tabou, il a opposé une recherche de fond, un vrai travail d’observation, avec émotion et même humour, sans aucun jugement de valeur. Résultat: il s’est heurté à une censure aveugle. Selon les regards occidentaux, la société marocaine, qui marche irrésistiblement vers la modernité tout en réaffirmant ponctuellement des volontés traditionalistes et religieuses, semble parfois schizophrène. Il est vrai que le discours officiel nie l’existence même de toutes ces Noha, Randa, Soukaina ou Hlima qui vivent d’amours tarifés. Mais contrairement à ce que la morale voudrait nous faire croire, ces personnages dignes ont aussi une singularité, et un véritable rôle à jouer. Nabil Ayouch et son actrice Loubna Abidar font aujourd’hui face à la justice de leur pays : on les accuse de pornographie et d’incitation à la débauche. Un contexte sociopolitique explosif qui ne devrait pas occulter leur film courageux. − Zoé Protat
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